LES ENTREPRISES FAMILIALES REPRÉSENTENT 60 % À 90 % DES ENTREPRISES, SELON LES PAYS. CES ENTREPRISES ONT ÉTÉ FONDÉES ET APPARTIENNENT À UNE OU PLUSIEURS FAMILLES QUI EN ASSURENT LA GOUVERNANCE ET, DANS CERTAINS CAS, LA DIRECTION OPÉRATIONNELLE. LES SPÉCIFICITÉS PATRIMONIALES DES ENTREPRISES FAMILIALES ET LES ENJEUX FORTS LIÉS À LA GESTION DE LA GOUVERNANCE ET À LA TRANSMISSION AUX GÉNÉRATIONS FUTURES EXPLIQUENT L’APPARITION ET L’EXPANSION DU MÉTIER DE FAMILY OFFICE.
Un peu d’histoire
Les Family Offices sont nés aux Etats-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle, lorsque des grandes familles propriétaires d’entreprises, telles les Rockefeller, ont décidé de créer des structures dont l’objectif était la gestion du patrimoine familial, avec le souhait de préserver l’harmonie familiale et de défendre les intérêts patrimoniaux de la famille fondatrice. Ces organisations managées par un membre de la famille et détenues par une seule famille, les ancêtres de nos Family Offices, s’occupaient alors de la gestion de la fortune familiale. Peu de familles étant en mesure de s’offrir les services d’un office familial en exclusivité, on a assisté ultérieurement à la naissance de Family Offices regroupant plusieurs familles et managés par des équipes de professionnels externes. Ces professionnels collaborent avec les interlocuteurs habituels de la famille (notaires, avocats, experts-comptables…) afin de faire fructifier le patrimoine familial et d’en assurer la transmission.
Qu’est-ce qu’un Family Office ?
Les Family Offices sont des organisations qui défendent une vision trans-générationnelle de l’entreprise familiale et qui proposent des services de conseil principalement financier, juridique et fiscal à une ou plusieurs familles, dont ils protègent et promeuvent les intérêts économiques. La mission des professionnels engagés dans ce métier est de permettre aux familles de conserver, de gérer et de transmettre leur patrimoine sur plusieurs générations, dans une perspective qui n’est pas exclusivement financière et qui prend en compte des aspects familiaux et de gouvernance. Selon leur taille et les besoins de leur clientèle, les Family Offices proposent des services très variés, internalisés ou confiés à des prestataires de confiance. La palette des services proposés est très large, ces services pouvant être de nature stratégique ou opérationnelle : gestion de l’actionnariat, allocation d’actifs, ingénierie patrimoniale, gestion de portefeuille, pilotage des démarches philanthropiques, préparation de la transmission, aide au quotidien des familles, etc.
Un métier d’avenir
Ce métier encore méconnu compte plusieurs dizaines de milliers d’organisations dans le monde, quelques milliers en Europe et quelques centaines en France et, selon les spécialistes, il est en plein essor. En France, le secteur du Family Office emploie aujourd’hui plus d’un millier de professionnels. Dans les dix prochaines années, ce secteur de niche va certainement se développer de manière significative dans la mesure où seulement 20 % des entreprises familiales susceptibles d’y faire appel sont actuellement clientes de Family Offices. Le métier de Family Office est dans une dynamique de professionnalisation croissante. Le candidat idéal devrait être diplômé d’un master en gestion du patrimoine et avoir des compétences en gestion, des compétences juridiques et/ou financières, et des connaissances en comptabilité, voire en gestion immobilière. Au-delà de l’expertise large, multidisciplinaire, qui se développe avec la pratique du métier, les professionnels du Family Office soulignent l’importance des relations de confiance avec les clients, de la transparence et l’honnêteté, ainsi que le rôle majeur de la veille juridique et financière permanente afin d’être en mesure de répondre de manière performante aux problématiques des familles. Ces organisations se rémunèrent en général en fonction du patrimoine supervisé (le standard international est théoriquement de l’ordre de 0,5 %), les salaires pratiqués avoisinant ceux des postes de front ou back-middle office en banque privée.
Par Miruna Radu Lefebvre,
Titulaire de la Chaire «Entrepreneuriat Familial et Société», Audencia Business School